Séance Art-thérapie évolutive
Descendre dans l’ombre
Michèle vient me voir depuis plusieurs semaines pour des séances d’art-thérapie évolutive. Elle a déjà fait un travail psychologique et thérapeutique en parallèle avec d’autres méthodes (psychothérapie, yoga, mindfulness, RTT).
Elle a pris conscience des répétitions automatiques comportementales et réactionnaires face à des situations compliquées dans sa vie sentimentale. Elle se sent enfermée dans « une cage dorée » à l’intérieur d’elle-même ainsi que dans cette situation (matérielle et affective). Son désir est d’ouvrir la porte de la cage pour retrouver sa liberté d’être.
Elle n’arrive pas à se libérer de sa situation sentimentale, à prendre du recul face à certains comportements et jugements de son conjoint. Elle se sent dépendante de lui affectivement alors qu’elle n’est plus amoureuse.
Elle a pris également conscience qu’elle n’a jamais été elle-même, qu’elle a toujours fait ce qu’on lui avait dit sans jamais rien remettre en question, que sa vie n’est basée que sur les croyances éducatives qu’on lui a enseignées. Elle souhaite reconsidérer ces modes de fonctionnement qui ne lui appartiennent pas.
Je lui propose d’aller au fond d’elle-même, de descendre dans l’ombre, pour se confronter à ce qui l’empêche de se libérer, pour transmuter l’aspect sombre d’elle-même, le dépasser et lâcher-prise.
Je lui parle des aspects de « l’ombre » :
– passion aveugle ;
– forces sexuelles primaires ;
– investissement des énergies dans des aspects purement matériels à des fins de profit personnel ;
– besoin de dominer ;
– soif de pouvoir.
Puis, je lui propose une méditation de la Pleine Conscience pour qu’elle puisse observer toutes les images, pensées, mots qui arrivent. Cela lui permettra ensuite de les sortir sur le dessin.
La méditation a été un révélateur pour Michèle. L’image d’une Marâtre lui est apparue puis tout de suite après, celle de sa mère.
Je lui propose donc de dessiner ce qu’elle a vu.
1er dessin : le message de l’inconscient
Analyse du dessin
Michèle a donc dessiné cette « marâtre » qu’elle avait contactée lors de la méditation. Puis, elle a écrit tous les mots et les phrases qui venaient automatiquement. Elle a ensuite dessiné des araignées, un cercueil à l’intérieur duquel elle a écrit tous les mots négatifs qu’elle avait entendus. Elle a enfin dessiné un fouet dans la main gauche de la femme (gauche si on regarde en miroir). Ainsi, elle a voulu se dégager de l’emprise inconsciente de cette mère-femme qui la maintenait dans une sorte de dépendance inconsciente.
Cette représentation démontre tout d’abord les peurs inconscientes de Michèle par rapport à cette symbolisation de femme (les araignées qui tissent leur toile pour attraper leurs proies).
Ensuite, la couleur Violet du haut de la robe de la femme suggère de la culpabilité et du jugement ressentis. Peut-être sur le fait d’être une femme belle et douce. Le bas de la robe est noir, signe de mort, de non-vie, sans énergie, de tout le bas du corps. Pas de mouvement. Elle semble être prisonnière, bloquée par ces jugements et cette culpabilité. Rongée de l’intérieur. L’énergie de vie ne coule plus, ne circule plus, emprisonnée par ces émotions négatives, par ces peurs. Peur d’être une femme ? Peur de montrer qui elle est vraiment ? Peur d’être belle et de plaire ?
Les mains ressemblent à des griffes acérées qui amplifient le sentiment de peur de bouger, comme en état de sidération.
Le haut du corps est plutôt masculin (visage). La « couronne » sur la tête ressemble à la crète d’un coq, la bouche au bec du coq. Les 2 sont rouges, signe de violence, de colère, d’agressivité verbale. Comme un coq qui attaque, qui agresse pour montrer qu’il est le plus fort. Y a-t-il eu violence et agressivité vécues pendant l’enfance ?
Les cheveux ressemblent à des liens qui tirent vers le bas, vers le négatif, vers la non-vie créative, vers les peurs (araignées). Ou peut-être des racines mortes qui ne peuvent pas donner la vie à une quelconque plante ou un arbre. Peur de mettre sa vie en route ? De prendre racine dans la création de sa vie à cause du jugement et des violences verbales ?
Enfin, le « cercueil » suggère un poids, quelque chose de lourd par rapport aux racines, au passé. Invitation à enterrer le lourd passé ?
Michèle prend alors conscience que toutes ces questions la ramènent au côté pervers narcissique de sa mère. En effet, elle me parle de la jalousie qu’elle a toujours ressentie émanant de sa mère par rapport à elle. Des continuels jugements portés sur tout ce qu’elle faisait, des violences physiques et verbales subies presque quotidiennement, des manipulations, des obligations de faire. Du mal-être de sa mère que Michèle avait absorbé inconsciemment depuis si longtemps. Des croyances négatives, des préjugés.
Elle me parle également du fait qu’elle n’avait pas le droit d’exprimer ses besoins, ses idées ou ses points de vue. Il fallait toujours être d’accord, même si ce n’était pas le cas. De ce fait, elle a fini par se taire, par étouffer sa créativité pour « rentrer dans le moule « et ne pas subir de violences verbales. Elle a fini par croire qu’elle n’était aimée et reconnu que lorsqu’elle cachait qui elle était. Elle s’est construite un « personnage » pour faire plaisir, pour se protéger, et a enfoui son vrai Soi, avec tous ces dons créatifs.
Nous faisons alors le rapprochement avec sa relation affective. Son conjoint se comporte comme sa mère. Il est contrôlant (peurs, jugements, critiques…) Il parle souvent de façon agressive et agit de façon excessive. Elle se sent continuellement en situation d’insécurité. Elle ressent également de la jalousie de sa part par rapport à elle.
Je lui propose de brûler ce dessin en conscience. L’intention étant de brûler le jugement, la culpabilité et les peurs qui l’empêchent d’être, de vivre pleinement dans la confiance. De brûler également les croyances qui ne sont pas les siennes mais celles de sa mère.
Et d’accueillir pleinement qui elle est vraiment avec ses valeurs, ses dons et ses qualités d’être. De laisser l’énergie de vie, la rivière créatrice, circuler à nouveau librement.
2e dessin : le dessin guérisseur (création en peinture et collages)
Michèle a réalisé cette création après avoir brûlé le 1er dessin. Elle a pris le temps nécessaire pour rechercher les images et les mots qui résonnaient en elle.
Cette création lumineuse est une étape. La jeune fille a encore les yeux fermés. Elle est en réflexion, en introspection, en incubation pour permettre à son vrai Soi de prendre confiance et de sortir de l’ombre.
La métamorphose (comme collée sur la région du cœur) est entrain d’opérer et est soutenue par une main bienveillante, dans le respect de la nature.
Je propose à Michèle de rester avec cette création quelques temps avant de poursuivre son accompagnement. Je l’invite également à se nourrir le plus souvent possible de l’énergie que ce tableau dégage pour retrouver la confiance en elle et la joie.